La prophétie du Jour et de la Nuit ~ Deux chats au destin exceptionnel

Prologue.

Narrateur: Lune

- Hé, Lune, tu te souviens quand on s'est rencontré ?
- Oh que oui, je m'en souviens comme si c'était hier et je peux te le raconter comme si je le vivait encore aujourd'hui. Voici notre histoire :
<< Je n'aurais jamais pensé qu'un jour tu mourrais. Je m'était imaginé une vie paisible et sans fin avec toi... J'aurais du voir l'avenir devant moi. Je savais que tu n'allais pas bien. Je suis si triste maintenant... >>
Des larmes coulèrent sur mon visage. Le poil hérissé, la queue rentrée devant mes pattes, j'écoutait les nouveaux habitants de la maison me mettre à la porte de mon jardin tant aimé. Mais le muret qui délimitait le terrain de la maison ne protégera pas éternellement. Le soleil déclinait à l'horizon. Une douce brise soufflait dans les broussailles des maisons de bipèdes alentours. Un rassemblement avait eu lieu dans la journée, car nos voisins-bipèdes avaient eu peur de la mort de celui qui s'était, depuis le jour de ma naissance, occupé de moi. Un des méchants bipèdes me cria dessus une dernière fois, et le cri résonna si fort dans mes pauvres oreilles que je sauta du muret et me dirigea vers la forêt sans un regard vers mon ancienne maison - Car ce n'était plus la mienne, à présent.
Plein de questions me brouillaient le cerveau. Maintenant j'était Lune, chatte errante qui ne savait ni chasser ni se défendre contre qui-conque viendrait m'attaquer. Comment allais-je faire pour me nourrir, me protéger ? Que deviendrais-je ? Y-a-t-il seulement quelqu'un qui veille sur moi ici ? Où suis-je si seule ici que je serais destinée à périr, morte de faim et de froid l'hiver...?
Je marcha jusqu'à qu'il ne fasse trop nuit pour que je ne voit plus rien. D'après moi, des ancêtres, ou simplement des êtres imaginaires, avaient toujours veillé sur moi et nous autres chats domestiques. Mais qui ? Il se pourrait bien que plus personne ne put faire quelque chose pour moi aujourd'hui... Je me couchais finalement au pied d'un gigantesque arbre au tronc si large que je me dit qu'il devait avoir 500 ans au moins, mais cette idée me parut à la fois possible et impossible.
Dans mes rêves, il faisait nuit noire, c'était la pleine lune. Je me trouvais dans une grande prairie pendant deux secondes, et puis, vision, une ombre de chat traversant la forêt à grande allure; et, je me retrouvais de nouveau dans la prairie et ainsi de suite. Le silence incessant de la plaine et l'ombre mystérieuse de la forêt me rendaient hystérique. Pour quoi faisais-je ce rêve ?
Puis, quand l'image se fixa un moment sur la prairie, puis repartit dans la forêt vers l'ombre noire, une voix presque imperceptible et venue de nul part me souffla: << La Lune. C'est la Lune. >> Je me retourna brusquement pour voir celui qui m'avait parlé, dans la prairie, et je vis un magnifique chat noir aux yeux orange feu. Il avait une allure majestueuse et gracieuse et...
Je rouvris les yeux. En sursaut. Mais devant le même chat, aux yeux jaunes cette fois-ci.

Narrateur: Soleil

- Je continue ! :
La chatte blanche que j'avais déniché au pieds du Chêne-Aux-Contes-Imaginaires se réveilla en sursaut.
<< Hé, tu ferais mieux de ne plus dormir ici si tu ne veut pas te faire dévorer par les hiboux ! Grognais-je.
(elle ne prêta pas attention à ma question et demanda, une faible lueur d'espoir dans les yeux : )
- Tu est un chat errant ? Tu vis ici ?
(j'hesita.)
- Oui, plus ou moins. Un chat errant reste errant, et c'est donc pour ça qu'on les appelles errants: Parce qu'ils voyagent.
- Pourrais-tu m'aider ?
- Un chat errant n'est pas solidaire, désolé, dis-je d'un air désespéré.
- Mais...>>
Je soupira puis repartit... Peut-être eu-je tort à ce moment-là...
- Soleil...
- Oui ?
- Tu sais, je me demande des fois comment nous somme arrivés l'un à l'autre... Ce n'était pas une coïncidence.
Je mesura le poids de ces paroles, Puis, après avoir longuement observé l'horizon, je murmura :
- C'est le destin qui en a décidé ainsi de nos vies.

Chapitre 1.

Narrateur: Lune

- Attention, Paré au décollage ?
- Attend ! On fonce droit dans un terrier blaireau !
- Et alors ? J'croyais que tu savais dévier ta trajectoire !?
Je jeta un coup d'oeil au trou qui se tenait à plusieurs longueurs de queues de là puis me retourna vers Soleil. Dans son air si concentré sur le devant, il avait l'air de vouloir sauter par dessus le terrier.
- Peut être...
Maintenant on étaient plus très loin.
- Ecoute, on recommence un peu plus loin, ça te dit ? Reprit-il.
Je poussa un soupir pendant que nous ralentissions.
- Mais ça fait au mois deux heures qu'on essaye ! On a failli se prendre un arbre, tout à l'heure. Et puis aucune chance d'avoir du gibier dans le ventre ce soir si on les fait tous fuir.
- Mais Lune... C'est pas toi qui voulait essayer l'effet de la prophétie, au début ?
Son regard abattu me surprit.
- Les prophéties, les prophéties... Finalement, je suis pas sur que ça puisse vraiment agir sur nous. Pourquoi n'essayons pas plutôt de chercher les chats de ta prophétie ?
Il y a seulement deux lunes, Soleil et moi avions reçu tour à tour une prophétie chacun. Dans le rêve de Soleil, comme il me l'avait raconté, il se retrouvait dans un immense trou de roche habité par plus de chats qu'il n'en avait jamais vu et une voix lui murmurait "Rejoignez-les".
Dans le mien, c'était un peu plus et moins flou à la fois, une bourrasque de vent, un étrange chat transparent au pelage constellé d'étoiles qui m'expliquait quelque chose d'assez étrange qui voulait dire en gros que nous pouvions courir dans l'air (oui, quelque chose de très étrange même !) et que nous étions "Libres comme l'air".
Quand Soleil et moi nous nous sommes racontés nos rêve, on est réstés un bon moment dans le doute..
- Parce qu'ils ont l'air loin, très loin. Et parce qu'on doit prendre des décisions avant de faire quoi que ce soit. Mais, tu trouve pas que ma prophétie est un peu étrange ?
- Raison de moins pour que ce soit vrai, répondis-je en fronçant les sourcils. Libres comme l'air... Tu y crois vraiment, toi ?
- Autant que les chats que nous devons aller trouver dans la forêt qui doit se trouver à des lunes et des lunes de marche. Bon. On réessaye juste une fois, d'accord ?
- Si tu y tiens tant que ça...
Nous nous postèrent après le terrier de blaireau, prêts à bondir aussi vite que l'éclair.
On démarra la course. L'herbe fraîche qui amortissait mes pas me faisait un bien fou après les heures à courir sur la terre dure, mais, plus le soleil s'élevait haut dans le ciel, moins je me sentais en sécurité. Normal, tout compte fait, puisque la lune veillait sur moi. Soleil devait se sentir pareil quand on dormait à la belle étoile, regardant les étoiles dans le ciel. Le temps passa vite et je me rendit compte que ça faisait peut-être un peu plus longtemps que les autres fois qu'on courrait. Mais rien ne se passait, et, je ne me sentait nullement courir dans l'air, mais plutôt dans l'herbe...
Finalement, au bout de quelques minutes plus tard, Je sentit un frémissement étrange me parcourir et les arbres qui défilaient à mes côtés me parurent plus flou, plus nombreux. Je les sentit défiler à une vitesse pas croyable, comme si je m'était transformée en un éclair. Soleil était toujours à côté de moi, et il paraissait ne rien avoir remarqué. Comme il regardait droit devant, Il se prit une branche dans les pattes et trébucha. J'essaya de m'arrêter, mais impossible, je touchais à peine le sol et sinon j'allais déraper dans l'arbre devant moi. J'eu le bon réflexe de faire demi-tour, ce qui me fit revenir sur terre, aussi mentalement que physiquement.
- Soleil ? Tu n'a rien ?
Il se releva, mort de honte.
- C'est bon, répondit-il d'un ton sec. De toute façon ça n'a toujours pas servi à grand chose.
Je déglutit.
- Moi, je l'ai sentit, en tout cas.
- De quoi ?
- Bah, que je décollais...
- Ah bon !?!
- Ouais... Allez viens, on rentre à notre tanière et on va chasser.
Soleil acquiesça, et nous continuâmes le cours habituel de la journée, mais cette expérience me resta dans la tête tout le long de la nuit...

Chapitre 2.

Narrateur: Soleil

Nous marchions tranquillement en direction du Sud, comme indiqué (enfin, du moins, il me semblait) dans mon rêve de trois lunes plus tôt.
C'était Lune qui avait soudainement décidé de partir. Je n'avais pas refusé car je savais qu'il fallait bien découvrir la signification de la mystérieuse prophétie. Elle m'avait fait part de ses doutes concernant tout ce qui se passait en ce moment. Elle avait réussi à décoller comme l'indiquait l'autre prophétie, mais pas moi. Elle voulait, tout aussi bien que moi, savoir ce qui nous arrivaient.
Nous arrivâmes au sommet de la colline, épuisés. Une vase étendue grisâtre et vaguement lumineuse qui contrastait beaucoup de ce beau paysage d'Aube s'étendait à perte de vue.
- Juste Ciel, Qu'est-ce !? M'exclamais-je.
Lune dévisagea les blocs gris et de taille toujours différentes.
Dans un miaulement a peine perceptible, elle répondit:
- Il ne manquait plus que ça... J'aurais dû y penser plus tôt... C'est... C'est... Une ville de bipèdes !
- Une quoi ? Repris-je.
- Une ville. C'est là qu'habitent la plupart des bipèdes. Tu n'en a jamais vu ?
- Non. Et... C'est dangereux ?
- Bien sûr ! Il y a des bandes grises partout où peuvent défiler à grandes vitesse de nombreux "monstres transporteurs". Ce sont des choses étrange dans lequel montent les bipèdes pour se rendre à un lieu plus vite qu'à pied. C'est comme ça que je les appelle.
- Mais on peut les éviter, non ?
- J'en doute..., rétorqua-t-elle d'un ton grave.
Quelle misère. Je ne connaissait rien en matière de Bipèdes, je n'en avait vu qu'un seul dans ma vie et il ne s'était pas approché de moi. Pour le peu de reste que je savait sur eux, ce n'était que quelques Solitaires passants qui m'avaient racontés deux-trois petites choses sur leur mode de vie.

A FINIR